Écrit par Thomas McInerney, Sarah Gilbert, Sharon Singh, Serge Dupont, Dylan Gallant and Victoria Tulk
Le Règlement fédéral sur le système canadien de crédits compensatoires de gaz à effet de serre (RSCO) et le Règlement sur les combustibles propres (CFR), en vertu de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre et de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999), respectivement, sont récemment entrés en vigueur.
L’OCSR et le CFR représentent tous deux d’importants éléments législatifs qui sous-tendent les aspirations du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), telles qu’elles sont énoncées dans Plan de réduction des émissions 2030 du Canada.
Règlement sur le système canadien de crédits compensatoires de gaz à effet de serre (RSCO)
La pierre angulaire de la loi sur les changements climatiques du gouvernement fédéral est la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre (la LTPCG ou filet de sécurité fédéral). Le filet de sécurité fédéral, en vigueur depuis le 1er janvier 2019, est la principale mesure législative en vertu de laquelle un prix national sur le carbone est établi. Actuellement, ce prix est fixé à 50 $/tonne de CO2e pour 2022. Le gouvernement fédéral a annoncé son intention d’augmenter davantage ce prix au-delà de 2022 par tranches de 15 $, jusqu’à ce qu’il atteigne 170 $/tonne de CO2e en 2030.
Le filet de sécurité fédéral est bien nommé, car il ne s’applique qu’aux provinces qui ne mettent pas en œuvre des régimes de tarification du carbone au moins aussi stricts que ceux prescrits par le gouvernement fédéral. Il est composé de deux éléments principaux : (i) un système de tarification fondé sur le rendement (STFR) applicable aux installations qui émettent 50 000 tonnes ou plus de CO2e par année et aux installations qui ont opté pour le système STFR (installations visées); et (ii) une redevance sur les combustibles (communément appelée taxe sur le carbone) applicable aux combustibles visés par règlement qui sont créés, importés ou autrement consommés dans la province applicable.
Les installations visées peuvent respecter leurs exigences annuelles de réduction des émissions en vertu du STFR en réduisant physiquement leurs émissions, en payant des frais d’émissions excédentaires, en appliquant des unités de conformité ou une combinaison de ce qui précède.
Les unités de conformité du STFR peuvent prendre trois formes :
- crédits excédentaires : dans la mesure où une installation assujettie réduit ses émissions davantage que ce qui est exigé par le STFR, les crédits excédentaires sont créés en une quantité égale à cette réduction différentielle (semblable aux « points relatifs au rendement des émissions » en vertu du régime TIER de l’Alberta);
- les crédits reconnus : un crédit créé par un régime provincial de réduction des émissions qui est reconnu comme étant conforme aux critères du STFR (p. ex., les « compensations d’émissions » créées en vertu du régime TIER de l’Alberta en vertu des protocoles reconnus par le STFR); et
- crédits compensatoires fédéraux : crédits compensatoires créés par les promoteurs de projets compensatoires conformément au RSCO.
Le RSCO est le mécanisme par lequel les crédits compensatoires fédéraux peuvent être créés, suivis et utilisés pour la conformité au STFR, et représente un mécanisme de conformité crucial pour les propriétaires d’installations visées qui sont soit incapables de respecter leurs exigences en matière de réduction des émissions par des moyens physiques, soit à la recherche d’une solution de rechange moins coûteuse au coût de la réduction physique des émissions ou de la redevance sur les émissions excédentaires.
Le RSCO crée un système de crédits compensatoires qui est très semblable au système qui est en place en Alberta depuis des années. Comme en Alberta, le RSCO offre aux promoteurs de projets (promoteurs de projets) la possibilité d’obtenir des crédits compensatoires pour les projets de crédits compensatoires admissibles (projets) qui respectent les protocoles approuvés par le gouvernement. Les promoteurs de projet feront valoir une quantité de création de crédits compensatoires, qui doivent passer la vérification par un tiers accrédité avant que les crédits compensatoires ne soient émis.
Le gouvernement fédéral a publié son premier protocole dans le cadre de l’OCSR: Landfill Methane Recovery and Destruction, qui s’applique à la réduction des émissions de méthane provenant des sites d’enfouissement. D’autres protocoles de compensation ont été priorisés pour l’élaboration, y compris ceux relatifs aux systèmes de réfrigération avancés, à l’amélioration de la gestion forestière, à l’amélioration du carbone organique du sol, à la gestion de l’alimentation du bétail et au captage et à la séquestration directes du carbone dans l’air. Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) envisage l’élaboration d’autres protocoles relatifs au captage du carbone bioénergétique et à l’amélioration de la foresterie, à la gestion des terres publiques, à la gestion du fumier d’élevage et à la digestion anaérobie.
Le RSCO suit de près le projet de règlement qui a été publié le 6 mars 2021, qui a été précédemment résumé ici: Le gouvernement mondial publie un projet de règlement sur le système de compensation des gaz à effet de serre. L’OCSR s’écarte cependant du projet de règlement de plusieurs façons notables, notamment:
- permettre l’élaboration de protocoles de compensation pour les projets de séquestration non biologique qui éliminent et stockent de façon permanente le dioxyde de carbone, comme le captage direct de l’air avec des projets de captage et de stockage du carbone, plutôt que de simples projets de séquestration biologique;
- permettre aux promoteurs de projet d’utiliser une méthode de quantification « tonne-année » et « tonne-année hybride » dans les circonstances prescrites où l’exigence de surveiller les émissions de GES du projet pendant 100 ans suivant la période de comptabilisation, comme l’exige la méthode de quantification des GES « tonne-tonne », est difficile à atteindre;
- réduire la fréquence des présentations de rapports de surveillance afin de les harmoniser avec la présentation des rapports de projet;
- réduire la fréquence des rapports de surveillance après la fin de la période de comptabilisation, pour les projets de séquestration utilisant la méthode de quantification tonne-tonne, d’une année à l’autre tous les six ans;
- augmenter le délai admissible entre la date de début du projet et la date de la demande d’enregistrement à un maximum de 10 ans;
- l’extension de la durée maximale de la période de comptabilisation pour les projets de non-séquestration à 10 ans, plutôt qu’à 8 ans;
- exiger des promoteurs de projet qu’ils incluent une déclaration dans leur rapport de projet indiquant que les mesures de protection environnementales et sociales, telles qu’elles sont énoncées dans le protocole applicable, ont été mises en œuvre afin de réduire au minimum les résultats négatifs potentiels du projet et exiger des promoteurs de projet qu’ils fournissent une description des mesures de protection qu’ils ont mises en œuvre; et
- préciser que lorsqu’un projet est enregistré, la version la plus récente d’un protocole est celle qui s’applique au projet pendant la durée de la période de crédit et que si une nouvelle version d’un protocole est émise pendant la période de crédit, un promoteur de projet peut choisir de s’inscrire au nouveau protocole.
Règlement sur les combustibles propres (CFR)
Le CFR s’applique principalement aux producteurs ou aux importateurs d’essence ou de diesel (appelés « fournisseurs principaux »). Un tel type de combustible se voit attribuer une valeur d’intensité en carbone pour le cycle de vie, exprimée en grammes d’équivalent en dioxyde de carbone par mégajoule d’énergie (gCO2e/MJ), qui est censée représenter l’intensité des émissions de ce carburant tout au long de son cycle de vie. À compter du 1er juillet 2023, chaque fournisseur principal doit démontrer que son inventaire d’essence et/ou de diesel à l’échelle de l’entreprise ne dépasse pas l’intensité en carbone prescrite pour ce carburant, pour cette année, comme il est indiqué ci-dessous.
Ces exigences en matière d’intensité en carbone s’appliquent à chaque fournisseur principal à l’échelle de l’entreprise, sous réserve de certaines exemptions. Par exemple, ces exigences ne s’appliqueront pas au carburant d’aviation, aux carburants exportés du Canada, aux carburants vendus ou livrés pour un usage autre que la combustion (c.-à-d. les solvants), aux carburants produits et utilisés à la même installation, aux carburants vendus ou livrés pour être utilisés dans un bâtiment maritime ayant une destination internationale, ou aux carburants vendus ou livrés à des fins non industrielles dans des collectivités éloignées.
Le CFR conservera également les exigences volumétriques en vertu du Règlement sur les carburants renouvelables (RFR) existant (deux pour cent de teneur en carburant à faible teneur en carbone dans le diesel / mazout, cinq pour cent de carburant à faible teneur en carbone dans l’essence). Avant l’abrogation du RFR en 2024, les entreprises auront le droit de transférer toutes les unités de conformité existantes en vertu de la RFR et de convertir ces unités en crédits reconnus en vertu du CFR.
Bien que les fournisseurs principaux soient les seules entités tenues de réduire les émissions du cycle de vie de leurs carburants, le CFR crée trois catégories distinctes de mesures de conformité qui permettent aux fournisseurs principaux ainsi qu’aux « créateurs de crédit volontaires » de créer des crédits qui seront finalement vendus aux fournisseurs principaux pour satisfaire à leurs exigences en matière d’intensité en carbone de l’essence ou du diesel :
- Catégorie de conformité 1 : mesures prises pour réduire les émissions de carbone d’un carburant tout au long de son cycle de vie (p. ex. captage et stockage du carbone);
- Catégorie de conformité 2 : fourniture de carburants à faible intensité en carbone (p. ex. éthanol, biodiesel, y compris les carburants utilisés pour se conformer aux exigences fédérales et provinciales actuelles en matière de carburant renouvelable); et
- Catégorie de conformité 3 : remplacement du carburant de transport par l’intermédiaire des utilisateurs finals qui changent ou rénovent des dispositifs à combustion pour qu’ils soient alimentés par des sources d’énergie de remplacement comme les véhicules électriques, les véhicules au gaz naturel et les véhicules à pile à combustible à hydrogène.
Le CFR suit de près le projet de règlement qui a été publié le 19 décembre 2020 et qui a été précédemment résumé ici: Le gouvernement canadien publie un projet de règlement sur les carburants propres. Le CFR s’écarte cependant du projet de règlement de plusieurs manières notables, notamment:
- la suppression du kérosène, du mazout léger et du mazout lourd des combustibles liquides prescrits, applicables à un fournisseur principal, ne laissant que l’essence et le diesel réglementés en vertu du CFR;
- les limites d’intensité en carbone en vertu du CFR sont basées sur une réduction globale des émissions de 14 gCO2e/MJ d’ici 2030, en hausse par rapport aux 12 gCO2e/MJ initialement envisagés par le projet de règlement;
- en ce qui concerne les crédits générés dans le cadre de la catégorie de conformité 1, une réduction de l’intensité en carbone des combustibles gazeux ou solides n’est plus admissible à la création de crédits, le captage direct de l’air pour les projets de stockage de captage du carbone ou de récupération assistée du pétrole n’est plus admissible à la création de crédits et les projets situés à l’extérieur du Canada peuvent être admissibles à la création de crédits; et
- le début des exigences d’intensité en carbone imposées aux fournisseurs principaux a été repoussé du 1er décembre 2022 au 1er juillet 2023.
Principaux points à retenir
Le RSCO représente un mécanisme de conformité nécessaire pour les installations visées tout en prescrivant un mécanisme de création de crédits pour les promoteurs de projets. Le CFR présente des défis de conformité pour les fournisseurs principaux ainsi que des opportunités de génération de crédit pour les fournisseurs principaux et les créateurs de crédit volontaires.
Bennett Jones possède une vaste expérience de la prestation de conseils sur les stratégies de conformité réglementaire, ainsi que sur le développement de projets de crédit de GES et la commercialisation de crédits de GES à la fois sur les marchés de la conformité et volontaires. Si vous avez des questions concernant l’OCSR ou le CFR, y compris en ce qui concerne les stratégies de conformité ou la façon de capitaliser sur l’économie à faible émission de carbone, veuillez contacter un membre de notre Climate Change ou Groupes de pratique réglementaire .
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