Écrit par Julia Schatz, Mike Theroux, Laura Gill and Thomas McInerney
Quinze jeunes de partout au pays, par l’entremise de leurs parents et de leurs tuteurs à l’instance, ont uni leurs forces dans une poursuite contre le gouvernement fédéral au sujet des changements climatiques, déposée vendredi à la Cour fédérale à Vancouver. L’affaire La Rose et autres c. Sa Majesté la Reine, est une autre dans une ligne de tentatives jusqu’à présent infructueuses par les demandeurs de chercher à obtenir des modifications législatives par les tribunaux. On s’attend à ce que cette revendication, comme les nombreuses revendications dont elle a été saisie aux États-Unis et ailleurs, se heurte à d’importants obstacles, dont le moindre n’est pas la question de savoir s’il vaut mieux laisser ces questions aux décideurs.
Les demandeurs s’appuient sur des allégations de violations de la Charte, en particulier leur droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne en vertu de l’article 7 et leur droit à l’égalité en vertu de la loi à l’article 15 de la Charte, affirmant qu’ils sont touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques en raison de leur âge. De plus, ils prétendent que le gouvernement fédéral ne protège pas les ressources essentielles de confiance du public comme l’exige la common law et conformément à leurs obligations constitutionnelles. Cette allégation reflète la doctrine de la confiance du public observée dans plusieurs plaintes au sud de la frontière, doctrine qui n’a pas encore été jugée existante au Canada.
Les demandeurs cherchent à obtenir des déclarations selon lesquelles le gouvernement cause, contribue et permet des émissions de GES qui sont incompatibles avec ce que les demandeurs appellent un système climatique stable, un système capable de maintenir la vie et les libertés humaines. Ils allèguent que le gouvernement a adopté des cibles d’émissions de GES incompatibles avec la restauration d’un système climatique stable, qu’il n’a pas atteint ses propres cibles d’émissions de GES modifiées et qu’il a activement soutenu le développement, l’expansion et l’exploitation d’industries et d’activités impliquant des combustibles fossiles. Alors que chaque demandeur allègue des dommages spécifiques causés à eux par les effets du changement climatique – qu’il s’agisse d’une augmentation des crises d’asthme, une plus grande exposition à la maladie de Lyme, perte d’habitat de poissons et de la faune, inondations, sécheresses et feux de forêt, entre autres – ils ne demandent pas de dommages-intérêts compensatoires. L’allégation demande plutôt au Canada de préparer et de mettre en œuvre un plan qui réduit les émissions de GES du Canada.
L’annonce de vendredi à Vancouver est la plus récente d’une vague de poursuites en matière de changement climatique contre les gouvernements à tous les niveaux du monde. Au Canada, la Cour supérieure du Québec a rejeté une proposition de recours collectif visant une action fédérale en matière de changements climatiques intentée par Environnement Jeunesse, un groupe censé représenter tous les citoyens du Québec âgés de 35 ans et moins (voir La Cour supérieure du Québec laisse la porte ouverte aux litiges en matière de changements climatiques au Canada). Cette cour n’était pas d’accord avec les conclusions de nombreuses affaires américaines et a conclu que les questions relatives à l’inaction du gouvernement à l’égard des changements climatiques soulevées par Environnement Jeunesse étaient justiciables, laissant la porte ouverte à une catégorie ou à une personne dûment constituée pour aller de l’avant sur ces questions. La nouvelle revendication de la Colombie-Britannique est la seule autre allégation de changement climatique en suspens au Canada. Voici quelques cas récents notables aux États-Unis sur lesquels bon nombre des revendications canadiennes ont été fondées :
Sinnok c. Alaska
Le 9 octobre 2019, la Cour suprême de l’Alaska a entendu les arguments dans l’affaire Sinnok v. Alaska, une poursuite contre le changement climatique déposée par 16 enfants et jeunes adultes âgés de 7 à 22 ans. Les plaignants ont contesté les politiques climatiques et énergétiques de l’État de l’Alaska, affirmant qu’ils violaient leurs droits en vertu de la constitution de l’Alaska à un système climatique stable. L’affaire a été rejetée par un juge de la Cour supérieure d’Anchorage l’année dernière au motif que les réclamations présentaient des questions politiques non justiciables. Une poursuite similaire sur le changement climatique a été rejetée en Alaska en 2014.
Juliana c. États-Unis
Une décision est à venir dans Juliana v. United States, qui a été déposée contre le gouvernement fédéral américain en 2015. Le 4 juin 2019, les plaignants (un groupe composé de 21 personnes âgées de 9 à 21 ans) et les défendeurs (plusieurs agences fédérales américaines et le président Trump) ont comparu devant la Cour d’appel des États-Unis pour le neuvième circuit en Oregon. Les demandeurs soutiennent qu’ils ont le droit constitutionnel d’être protégés contre les changements climatiques. La demande des demandeurs est également présentée sur la base de la doctrine de la confiance du public, qui allègue que le gouvernement a manqué à ses obligations en tant que fiduciaire pour les jeunes en omettant de protéger les jeunes contre les changements climatiques (voir "New Stuff » dans les recours collectifs en matière de changement climatique).
Urgenda Foundation c. L’État des Pays-Bas
Sur le plan international, la Cour suprême des Pays-Bas est sur le point de rendre une décision finale dans l’affaire Urgenda Foundation c. L’État des Pays-Bas, une affaire qui a suscité beaucoup d’intérêt mondial. En octobre 2018, la Cour d’appel de La Haye a confirmé une décision qui oblige le gouvernement néerlandais à réduire les émissions de 25% par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2020. Cela a été considéré comme une victoire majeure pour les litiges sur le changement climatique dans le monde entier. Le gouvernement néerlandais a fait appel de la décision en janvier 2019 et les arguments ont été entendus devant la Cour suprême le 24 mai 2019. Une décision est en attente.
Regard vers l’avenir
C’est probablement le plus grand obstacle que les demandeurs ont rencontré dans l’affaire La Rose et autres c. Sa Majesté la Reine devra surmonter l’argument selon lequel les allégations contenues dans la demande soulèvent des questions non justiciables (c.-à-d. des questions qui ne sont pas appropriées pour une décision judiciaire en raison de leur nature politique). Malgré la décision de la Cour supérieure du Québec dans l’affaire Environnement Jeunesse selon laquelle les violations alléguées des droits garantis par la Charte soulevées dans cette affaire étaient justiciables, il n’est pas clair si d’autres tribunaux canadiens suivront le précédent établi par la Cour du Québec dans un litige subséquent en matière de changements climatiques. De plus, la revendication de La Rose semble demander aux tribunaux d’adopter une doctrine de la confiance du public, qui n’a pas été acceptée au Canada à ce jour. Bien que la revendication de La Rose ne fait que commencer, l’issue de la poursuite pourrait avoir des implications importantes pour d’autres actions potentielles liées au changement climatique à l’avenir.
Traduction alimentée par l’IA.
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