Il y a eu récemment d’importants développements liés au traitement des investissements étrangers dans le secteur critique des minéraux, en particulier par les entreprises d’État étrangères (EE) et les investisseurs privés influencés par l’étranger.
Ces développements représentent un changement notable dans la façon dont le gouvernement canadien évaluera les entreprises d’État chinoises et potentiellement étrangères et les investissements privés influencés par l’étranger dans le secteur minier essentiel du Canada. En fait, avant ces ordonnances de dessaisissement, il n’y avait jamais eu d’investissement étranger lié à des minéraux essentiels bloqués par le gouvernement canadien pour des raisons de sécurité nationale. 1 Il reste à voir si ces développements auront un effet dissuasif sur les investissements dans les secteurs miniers critiques du Canada par les entreprises d’État étrangères et les investisseurs privés influencés par l’étranger, en particulier de la Chine, bien que cela semble très probable. Cependant, un résultat est certain : il est maintenant plus important que jamais que les investisseurs et les entreprises canadiennes obtiennent des conseils juridiques et gouvernementaux le plus tôt possible pour évaluer et surmonter ces incertitudes.
Le 11 mars 2021, le Canada a dévoilé sa
En vertu de la LIC, le ministre doit approuver les acquisitions de contrôle proposées auprès d’investisseurs étrangers, y compris les EE, lorsque la valeur de l’entreprise canadienne est supérieure au seuil défini. La Politique stipule que les demandes d’acquisition du contrôle d’une entreprise canadienne mettant en cause des minéraux critiques par une entreprise d’État étrangère ne seront approuvées qu’à titre exceptionnel.
Tous les investissements, qu’ils impliquent ou non une acquisition de contrôle, peuvent faire l’objet d’un examen de sécurité nationale. La Politique stipule également que tous les investissements étrangers dans les secteurs miniers critiques au Canada, peu importe leur valeur ou s’ils représentent une participation majoritaire, sont assujettis à des normes de surveillance accrue en vertu des dispositions de la LSA relatives à l’examen de la sécurité nationale. La Politique a énuméré les facteurs qui peuvent être pris en compte pour évaluer si une transaction particulière impliquant des minéraux critiques porterait atteinte à la sécurité nationale :
Peu après la publication de la Politique, le gouvernement a annoncé qu’il avait ordonné le dessaisissement des investissements suivants par des investisseurs étrangers dans des sociétés minières essentielles canadiennes :
Notamment, aucun de ces investissements ne semble avoir fait l’objet d’une notification obligatoire en vertu de la LIC. L’investissement de Chengze Lithium dans Lithium Chile est particulièrement remarquable puisque les propriétés d’exploration de Lithium Chile sont situées exclusivement au Chili et en Argentine et que l’investissement de Chengze représentait moins de 20 pour cent des actions ordinaires de Lithium Chile et n’équivalait pas à une position de contrôle.
Prior de ces ordres de dessaisissement, il n’y avait pas eu de dessaisissement des investissements liés aux secteurs miniers critiques du Canada. Ce n’est qu’il y a environ un an que le gouvernement a choisi de ne pas lancer d’examen de la sécurité nationale dans le cadre de la prise de contrôle de Neo Lithium par Zijin Mining Group Co. pour 960 millions de dollars. Cette décision a fait l’objet d’un examen minutieux et a donné lieu à des réunions devant le Comité permanent de l’industrie et de la technologie (le Comité de l’INDU). Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie (le ministre), François-Philippe Champagney, a mentionné que (1) le fait que neo effectue des opérations en Argentine, et (2) « [l]a production de batteries lectriques en Amérique du Nord ne nécessite pas ou ne dépend pas des importations » du type de lithium que le projet produira a eu une incidence sur la décision de ne pas entreprendre un examen de la sécurité nationale.
Par conséquent, ces récentes ordonnances de dessaisissement peuvent être considérées comme un message du gouvernement canadien selon lequel (1) aucun investissement n’est trop faible pour justifier un examen plus approfondi, (2) les participations ne détenant pas le contrôle sont suffisantes pour justifier un examen approfondi, et (3) les actifs opérationnels d’une société canadienne n’ont pas besoin d’être situés au Canada pour faire l’objet d’une ordonnance de dessaisissement.
Le ministre a également confirmé qu’à l’avenir, il prévoit divulguer certains détails liés aux résultats des examens relatifs à la sécurité nationale sous réserve de décisions , à l’instar de ce qui a été publié relativement aux trois récentes ordonnances de dessaisissement.
Ce pratique vise à accroître la transparence du processus décisionnel du gouvernement sur les examens de l’investissement étranger et représente un écart radical par rapport à l’ancienne pratique du gouvernement. Par le passé, le gouvernement n’a fourni presque aucun renseignement sur les examens relatifs à la sécurité nationale autre que ce qui était fourni, sous forme anonyme, dans ses rapports annuels. Ce changement de pratique semble correspondre à la recommandation du Comité de l’INDU d’accroître la transparence du processus d’examen relatif à la sécurité nationale.
Cette politique et les récents ordres de dessaisissement sont survenus dans la foulée de la mise en œuvre d’un régime volontaire de notification des investissements qui pourraient soulever des préoccupations en matière de sécurité nationale en vertu de la LIC. Avant ce changement, il n’y avait pas de mécanisme officiel pour faire des déclarations volontaires pour les investissements non à déclaration obligatoire.
Plus important encore, les changements apportés au moment de la mise en œuvre du régime volontaire ont également considérablement augmenté le temps dont dispose le gouvernement pour examiner tout investissement qui n’a pas été déclaré. En particulier, tous les investissements minoritaires qui ne sont pas officiellement notifiés peuvent être examinés pour des raisons de sécurité nationale pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq ans après la fin de l’investissement (jusqu’à 45 jours). Ce délai accru vise en partie à encourager les investisseurs à consulter au moins 45 jours avant la mise en œuvre de tout investissement.
Ces développements représentent un changement notable dans la façon dont le gouvernement canadien évaluera les entreprises d’État « hostiles ou non similaires » et les investissements privés influencés par l’étranger dans le secteur minier essentiel du Canada. En particulier :
Si vous avez des questions sur le traitement des investissements étrangers dans le secteur des minéraux critiques, veuillez contacter le groupe Bennett Jones Competition/Antitrust.
1 La seule transaction minière bloquée pour des raisons de sécurité nationale était l’acquisition proposée de TMAC par Shangdong Gold en 2020. Mais cet investissement a probablement été bloqué par le gouvernement canadien en raison de l’emplacement stratégique de TMAC et d’autres facteurs, pas nécessairement ses opérations d’extraction d’or. Quoi qu’il en soit, l’or ne constitue pas un minéral essentiel au Canada.
2 Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter notre aperçu précédent,