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Appels d’obligation : BCCA considère l’obligation de diligence due par les consultants en structure aux propriétaires d’immeubles

19 juin 2024

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Centurion Apartment Properties Limited Partnership c Sorenson Trilogy Ltd., 2024 BCCA 25

Écrit par Denise Bright, Jason Roth, Brian Reid et Graham Bowden

La Cour d’appel de la Colombie-Britannique (BCCA) a récemment statué que les consultants en structure ont une obligation prima facie de diligence envers le propriétaire d’un immeuble pour s’assurer que l’immeuble ne contient pas de défauts qui présentent un danger prévisible pour la santé et la sécurité de ses occupants.

Historique

En 2017, 113407 B.C. Ltd. a retenu les services de DB Services of Victoria Inc. (DB) pour concevoir et construire un immeuble d’appartements résidentiels de 11 étages à Langford, en Colombie-Britannique (C.-B.). DB Services a ensuite retenu les services de Sorenson Trilogy Engineering Ltd. (STE) pour agir à titre d’ingénieurs en structure sur le projet. Le tribunal a noté que, bien que STE n’était pas compétent pour fournir des services d’ingénierie structurelle en raison d’un manque d’expertise pour cette taille de bâtiment, ils se sont engagés à le faire de toute façon.

Après l’achèvement du bâtiment, plusieurs graves lacunes structurelles ont été découvertes, et la ville de Langford a révoqué le permis d’occupation de l’immeuble. À ce moment-là, la société de portefeuille propriétaire de l’immeuble avait été vendue à Centurion Apartment Properties (Centurion). Centurion a intenté une action contre DB et STE pour négligence et rupture de contrat, cherchant à recouvrer les pertes qu’ils ont subies à la suite des réparations nécessaires à l’immeuble.

La Cour suprême de la Colombie-Britannique a finalement décidé que « toute relation de proximité ... était annulée en vertu de l’entente contractuelle multipartite entre [les parties concernées] » et que l’ingénieur n’avait pas d’obligation de diligence envers le propriétaire. Centurion a interjeté appel de cette décision.

La décision de la Cour d’appel

Après le dépôt de l’appel, DB a fait une cession en faillite et toutes les réclamations contre elle ont été suspendues. La principale question dont la Cour d’appel était saisie était de savoir s’il y avait ou non une relation suffisamment étroite entre STE et Centurion pour créer une obligation prima facie de diligence permettant au Centurion de présenter une réclamation pour négligence.

La Cour d’appel s’est penchée sur le critère de l’arrêt Anns pour répondre à cette question. Le critère de l’arrêt Anns est un critère juridique fondamental qui permet de déterminer s’il existe une obligation de diligence entre deux parties qui permet à une partie d’être indemnisée pour les actes négligents de l’autre. Selon ce critère, il y aura obligation de diligence lorsqu’il existe une relation suffisamment étroite entre les parties. 

La Cour d’appel a finalement déterminé qu’il peut exister une relation immédiate entre les propriétaires d’un immeuble et les consultants en structure lorsque les actions des consultants peuvent donner lieu à un « risque important de préjudice » pour la santé et la sécurité des résidents de l’immeuble. En l’espèce, Centurion et STE se trouvaient dans une relation de proximité telle que, dans la contemplation raisonnable de STE, l’insouciance de sa part était susceptible de causer un préjudice à Centurion. Par conséquent, il existait une obligation de diligence entre eux. Cette conclusion est conforme à la décision de la Cour suprême du Canada dans l’affaire Winnipeg Condominium. 1

La Cour est arrivée à cette conclusion malgré le fait qu’il n’y avait pas de relation contractuelle entre les parties. Étant donné que STE a été contractée par DB, il n’y avait pas de lien contractuel direct entre STE et Centurion. La Cour a toutefois expliqué que cette absence de lien contractuel ne pouvait pas mettre STE à l’abri de toute responsabilité parce que « l’obligation du constructeur en matière délictuelle de prendre des précautions raisonnables découle indépendamment de toute obligation contractuelle » (para 95).

La Cour d’appel a également précisé que cette obligation transcende les dispositions contractuelles qui visent à limiter le risque. Les contrats entre STE et DB, et entre DB et Centurion, contenaient des dispositions qui répartissaient le risque et la responsabilité limitée. Toutefois, la Cour a expliqué que « l’obligation de construire un bâtiment selon des normes raisonnables et sans défauts dangereux découle indépendamment de toute stipulation contractuelle » (par. 88).

Principaux points à retenir

Cette décision confirme que les consultants et les entrepreneurs ont une obligation de diligence envers les propriétaires, qu’ils aient ou non conclu un contrat direct avec le propriétaire ou qu’ils aient cherché à limiter contractuellement leurs risques. Cela est particulièrement vrai lorsque les actions du consultant créent un risque réel et substantiel de préjudice. Toutefois, la mesure dans laquelle les dispositions contractuelles limitant la responsabilité et plafonnant les dommages-intérêts étaient efficaces devait être examinée plus avant au procès.

À la date de publication, STE a interjeté appel de cette décision devant la Cour suprême du Canada. Nous mettreons à jour l’état d’avancement de cette affaire au fur et à mesure que de nouveaux renseignements apparaîtront.

Pour plus d’informations sur ce cas ou des conseils relatifs aux contrats de construction, veuillez contacter un membre de notre groupe Construction.


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