L’économie canadienne est confrontée à une incertitude et à des risques mondiaux importants. La nouvelle administration américaine va remodeler la politique économique et les relations internationales, alors que nous nous trouvons dans une période déjà caractérisée par une fragmentation du commerce mondial et des chaînes d’approvisionnement. La menace du président élu Trump d’imposer un tarif douanier général de 25 % sur tous les produits en provenance du Canada et du Mexique dès son entrée en fonction est une première manifestation de ce qui pourrait s’avérer une période de perturbation pour la diplomatie économique internationale.
Le Canada entre dans cette nouvelle ère en présentant une grande capacité à contribuer à une économie nord-américaine plus sûre et plus compétitive, mais aussi avec des vulnérabilités nationales, notamment une tendance de faible croissance de la productivité.
L’un des impératifs du Canada est de travailler avec la future administration Trump pour préserver la relation vitale qui lie le Canada et les États-Unis. L’objectif à moyen à et long terme consiste à investir dans une économie plus productive. Notre intérêt national nous commande de promouvoir ces deux priorités ensemble.
Croissance mondiale modérée, incertitude et risques élevés
Les dernières Perspectives de l’économie mondiale du Fonds monétaire international (FMI), publiées en octobre, présentent un scénario dans lequel le PIB réel mondial augmente d’un peu plus de 3 % en 2024 et en 2025. L’inflation est à la baisse et on prévoit qu’elle se situera en 2025 au niveau des cibles d’inflation dans la plupart des économies développées.
Si ces perspectives ont permis au FMI d’affirmer que [TRADUCTION] « la bataille mondiale contre l’inflation a été largement gagnée » et que cela s’est fait sans récession mondiale, l’analyse est essentiellement axée sur les risques, décrits comme globalement défavorables dans un contexte d’incertitude politique.
Ce contexte caractérisé par une croissance modeste et une baisse de l’inflation et des taux d’intérêt, ainsi que par une augmentation de l’incertitude et des risques mondiaux, sert de fondement aux Perspectives économiques 2025 de Bennett Jones.
Construction d’un scénario ajusté pour les États-Unis et le Canada pour 2025 et 2026
La nouvelle administration américaine entrera en fonction pendant une période déjà caractérisée par de grandes tensions mondiales résultant notamment des guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi que par la montée des rivalités stratégiques et économiques entre les États-Unis et la Chine.
La mondialisation n’accuse pas un recul complet. Le commerce mondial croît plus ou moins au même rythme que la production mondiale. Cependant, il existe un certain découplage des économies américaines et chinoises, de même qu’une restructuration des chaînes d’approvisionnement. Cela fait en sorte que la croissance du commerce est plus rapide à l’intérieur des groupes géopolitiques qu’entre ces mêmes groupes. En outre, après des décennies de libéralisation des échanges, les politiques commerciales et industrielles deviennent de plus en plus protectionnistes à l’échelle mondiale.
À l’horizon 2025 et 2026, la Chine, l’Union européenne (UE), le Japon et d’autres économies développées et en développement sont tous confrontés à des risques économiques, financiers et géopolitiques importants qui assombrissent leurs perspectives à court terme.
Nous nous concentrons sur les perspectives économiques des États-Unis et du Canada en 2025 et en 2026, et sur la manière dont elles peuvent être affectées par les développements politiques.
Le programme de l’administration Trump, qui prévoit l’imposition de tarifs douaniers, des réductions d’impôts, la déréglementation et la déportation massive des immigrants illégaux, est au premier plan en raison de l’impact qu’il pourrait avoir sur la croissance de la production réelle, l’inflation et les taux d’intérêt.
Afin de construire un scénario pour les États-Unis et le Canada qui reflète les plus récents développements politiques, nous supposons que le président élu Trump n’appliquera pas, du moins dans l’immédiat, de tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada et du Mexique. Nous considérons néanmoins l’impact de la menace d’imposer de tels tarifs douaniers et l’incertitude qui en découle.
Les perspectives pour les États-Unis
Au début du mandat de la nouvelle administration, la promesse de celle-ci de mettre en œuvre des baisses d’impôts et des mesures de déréglementation favorisera une hausse de la confiance, de l’investissement et des dépenses, ce qui ne sera que partiellement contré par l’impact potentiel des tarifs douaniers, même s’ils sont introduits à grande échelle au cours de l’année 2025.
Cet élan pourrait se poursuivre tout au long de 2025, voire jusqu’en 2026; toutefois, comme l’économie américaine est déjà à peu près au maximum de sa capacité, un niveau d’activité plus élevé exercera une pression à la hausse sur les coûts. Une hausse de l’inflation, qui sera exacerbée par les tarifs douaniers s’ils sont imposés, et un déficit budgétaire accru maintiendront des taux d’intérêt élevés, ce qui finira par freiner la demande intérieure. Un dollar américain plus fort affaiblira la compétitivité, et le déficit courant, déjà important, se creusera davantage.
En termes nets, nous estimons que l’impact du programme économique de Trump sur la croissance économique américaine sera positif, mais faible à court terme. Dans notre scénario « ajusté », le PIB réel des États-Unis augmente de 2,5 % en 2025 (contre 2,4 % dans le scénario de référence) et de 2,2 % en 2026 (comme dans le scénario de référence). Compte tenu de l’incertitude, ces chiffres sont des estimations du point milieu d’une fourchette de valeurs possibles.
Tableau E.1
Croissance du PIB réel des États-Unis (%) |
||||
2023 | 2024 | 2025 | 2026 | |
Scénario de référence | 2,9 | 2,8 | 2,4 | 2,2 |
Effet des politiques de Trump |
- | - | De -0,2 à 0,4 | De -0,4 à 0,4 |
Scénario ajusté |
2,9 | 2,8 | 2,5 | 2,2 |
Nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale procède à des réductions des taux d’intérêt, mais sur une trajectoire qui maintiendra les taux d’intérêt à un niveau plus élevé qu’ils ne l’auraient été autrement. Le taux des fonds fédéraux (niveau supérieur) serait d’environ 3,75 % à la fin de 2025, et d’environ 3,5 % à la fin de 2026. Le rendement des obligations du Trésor à 10 ans serait d’environ 4,5 % à la fin des deux années.
Les perspectives pour le Canada
Il y a quelques mois, l’économie canadienne était en bonne voie pour atteindre une croissance du PIB réel légèrement supérieure à 2 % par an en 2025 et en 2026, avec une inflation correspondant à peu près à la cible.
Avant l’élection américaine, certains facteurs intérieurs avaient déjà influencé les perspectives à court terme.
Premièrement, après avoir reconnu que l’immigration temporaire était devenue incontrôlable en 2023 et en 2024, le gouvernement du Canada a annoncé un resserrement vigoureux des programmes pour les travailleurs temporaires et les étudiants étrangers, et a réduit les objectifs d’immigration permanente de 2025 à 2027. Ainsi, après une croissance démographique très rapide en 2023 et en 2024, le gouvernement prévoit une légère décroissance de la population en 2025 et en 2026.
Nous croyons qu’il est peu probable que les flux migratoires s’ajustent aussi rapidement que l’envisage le gouvernement fédéral (par exemple, tous les migrants temporaires ne quitteront pas le pays à la fin de leur visa), mais le choc démographique négatif sera considérable. Dans notre scénario ajusté, nous estimons que cette situation affectera à la baisse la croissance du PIB réel.
Deuxièmement, les gouvernements de l’Ontario et du Canada ont annoncé l’entrée en vigueur de mesures fiscales visant à stimuler temporairement le pouvoir d’achat des ménages. De plus, nous nous attendons à ce que les gouvernements fédéral et provinciaux dépensent en réalité plus sur notre horizon prévisionnel que ce qui est prévu dans leurs plans budgétaires actuels. Dans l’ensemble, cela devrait faire légèrement augmenter la demande intérieure en 2025 et en 2026.
Les changements prononcés dans la politique américaine constituent les risques les plus importants pour notre économie. Même si, comme nous le supposons, le président élu Trump reviendra sur son intention d’imposer un tarif douanier général de 25 %, nous devrons néanmoins faire face aux risques commerciaux et aux autres impacts du programme économique de la nouvelle administration.
L’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) sera revu d’ici 2026. Il existe des irritants de longue date affectant les relations entre nos pays, notamment les produits laitiers, le bois d’œuvre, l’aluminium et l’acier. Il y a également de nouveaux irritants, comme la taxe sur les services numériques (TSN) imposée par la législation canadienne. Des pressions seront exercées pour que nous augmentions nos efforts afin de contrôler les flux d’entrée et de sortie des migrants aux frontières, et pour que nous renforcions nos capacités et augmentions nos dépenses sur le plan militaire.
La compétitivité de notre environnement commercial sera affectée par les baisses d’impôts et la déréglementation aux États-Unis. Les investisseurs tiendront compte de tous ces paramètres lorsqu’ils décideront d’investir ou non, et de le faire soit au nord ou au sud de la frontière.
Dans l’ensemble, malgré la vigueur de l’économie américaine, le programme du président élu Trump entraînera une baisse de la confiance des entreprises et des investissements, ainsi qu’une baisse de la confiance et des dépenses des consommateurs au Canada, à court terme. Nous estimons que cela aura pour effet de réduire la croissance du PIB réel au Canada de 0,6 point de pourcentage (pp) en 2025 et de 0,5 pp en 2026, comme points milieux de fourchettes d’effets possibles.
Compte tenu de ce qui précède, et selon notre scénario ajusté, le PIB réel du Canada augmente de 1,5 % en 2025 et de 1,6 % en 2026. Là encore, rappelons qu’il s’agit d’estimations d’un point milieu parmi un large éventail de résultats possibles, compte tenu de la grande incertitude entourant les répercussions du programme de Trump sur le Canada, avant même que ne soit décidée toute application de tarifs douaniers sur nos exportations vers les États-Unis.
Tableau E.2
Croissance du PIB réel canadien (%) |
||||
2023 | 2024 | 2025 | 2026 | |
Scénario de référence | 1,2 | 1,2 | 2,1 | 2,3 |
Réduction de l’immigration | - | - | -0,2 | -0,3 |
Augmentation des dépenses publiques | - | - | 0,2 | 0,1 |
Effet des politiques de Trump |
- | - | De -0,9 à -0,3 | De -0,8 à -0,2 |
Scénario ajusté |
1,2 | 1,2 | 1,5 | 1,6 |
Dans ce scénario, l’inflation reste proche de la cible et la Banque du Canada (BdC) réduit les taux d’intérêt à environ 2,75-3 % d’ici la fin de 2025, pour ensuite les maintenir à ce même niveau en 2026. Bien que le ralentissement de la demande intérieure puisse suggérer une légère accélération des baisses de taux, la BdC sera attentive à l’effet qu’un taux de change plus faible pourrait avoir sur l’inflation. Compte tenu de la vigueur du dollar américain, nous prévoyons que le dollar canadien s’établira à environ 0,70 $US d’ici la fin de 2025, puis qu’il remontera légèrement pour atteindre environ 0,72 $US d’ici la fin de 2026. Le rendement des obligations à 10 ans du gouvernement canadien serait d’environ 3,4 % à la fin des années 2025 et 2026.
Une priorité immédiate : Préserver la relation vitale entre le Canada et les États-Unis
Des tarifs douaniers généralisés de l’ordre de 25 %, voire de 10 %, perturberaient considérablement l’économie canadienne et nuiraient également à un certain nombre de secteurs clés aux États-Unis. Même si la nouvelle administration n’applique pas d’importants tarifs douaniers dès son entrée au pouvoir en 2025, une relation économique incertaine doublée d’une menace constante relative à l’application de tarifs douaniers ou d’autres mesures arbitraires de la part des États-Unis serait gravement préjudiciable pour le Canada.
La préservation des relations vitales qui lient le Canada et les États-Unis constitue donc une priorité nationale absolue.
Le gouvernement du Canada, s’appuyant sur le leadership partagé et la participation des provinces et du secteur privé, peut proposer une réponse au programme de la nouvelle administration qui soit à la fois collaborative, ferme et conforme à notre intérêt national.
Une réponse concertée doit convaincre le président élu Trump de ne pas imposer de tarifs douaniers sur les produits canadiens, en mettant l’accent sur ce que le Canada apporte et peut apporter à la table pour faire avancer les objectifs stratégiques et économiques communs des deux pays.
Nous devons néanmoins nous préparer à l’éventualité que le président Trump impose bel et bien des tarifs douaniers.
- un plaidoyer sous la forme d’un message unifié à l’intention des décideurs américains;
- des mesures démontrant que nous sommes prêts à répondre rapidement aux priorités de M. Trump, y compris le renforcement de la sécurité aux frontières, ce qui est également dans notre propre intérêt;
- une négociation visant à éliminer (dans la mesure du possible) la menace des tarifs douaniers et à établir les bases des relations qui devront être maintenues au cours des quatre prochaines années;
- un engagement continu à bien gérer les affaires courantes, y compris le renouvellement de l’ACEUM, et à exploiter toute possibilité de coopération bilatérale dans des domaines comme la sécurité nationale et économique;
- un plan d’urgence pour être prêts, en cas d’imposition de tarifs douaniers, à prendre des mesures de rétorsion judicieuses et ciblées et à déployer des mesures adaptées de manière adéquate, afin d’atténuer les effets possibles et, surtout, de faciliter la transition chez les exportateurs et les travailleurs.
S’attaquer à une vulnérabilité critique : investir dans une économie plus productive
Le Canada entre dans une période d’incertitude accrue où se profilent de profonds changements structurels, et ce, sans une économie forte et en présentant des vulnérabilités importantes.
Bien que l’inflation ait diminué, les ménages s’adaptent toujours à des prix plus élevés pour l’alimentation et le logement. En moyenne, les niveaux du revenu et du patrimoine des particuliers ont suivi le rythme de l’inflation, voire ont fait mieux, mais cette évolution n’est pas ressentie par tous les groupes socioéconomiques ou groupes de revenus.
Notre principale vulnérabilité est la faiblesse de notre productivité, qui freine notre potentiel de croissance, réduit notre résistance aux chocs économiques et nuit à notre capacité d’adaptation.
Le Canada n’est pas le seul à être à la traîne par rapport aux États-Unis en matière de croissance de la productivité. D’autres grandes économies, comme l’UE et le Royaume-Uni, font le point et envisagent des mesures ambitieuses pour réduire l’écart.
La quête pour une croissance de la productivité plus marquée doit être guidée par une stratégie qui suscite l’adhésion et la participation de tous les échelons de gouvernement, ainsi que du secteur privé.
Les dirigeants des secteurs public et privé doivent faire comprendre au public qu’à long terme, la croissance de la productivité est le seul moyen pour le Canada de générer une augmentation des revenus et de l’assiette fiscale qui lui permettra de financer les services publics destinés à une population croissante et vieillissante.
Une stratégie de croissance de la productivité doit créer les conditions, malgré l’incertitude et le risque, propices à l’augmentation des investissements publics et privés et à la réalisation du plein potentiel d’innovation de nos entreprises, afin qu’elles puissent avoir un avantage sur le marché mondial.
Dans un numéro précédent des Perspectives économiques, nous avions fixé un objectif d’augmentation de près de 3 pp de l’investissement non résidentiel en pourcentage du PIB, pour qu’il atteigne 17 % du PIB, de même qu’un objectif visant le maintien d’un tel niveau d’investissement élevé pendant de nombreuses années.
À titre de comparaison, dans un rapport présenté à la Commission européenne, l’ancien dirigeant de la banque centrale Mario Draghi avait fixé l’objectif d’augmenter la part des investissements dans le PIB de l’UE de 5 pp, soit davantage qu’à l’époque du plan Marshall.
Les investissements peuvent être déployés de manière productive dans nos industries traditionnelles pour que nous puissions tirer parti de nos ressources, accroître nos exportations et contribuer à notre sécurité économique et énergétique. La stratégie doit également viser une capacité d’innovation de calibre mondial, la commercialisation d’idées et le financement et l’expansion au Canada d’entreprises innovantes. Il est crucial que les meilleures technologies disponibles, notamment les technologies numériques et d’intelligence artificielle (IA), soient adoptées à un rythme soutenu, de manière à accroître la productivité dans tous les secteurs.
Tous les leviers politiques doivent être utilisés : fiscalité, réglementation, concurrence, commerce, immigration, éducation, infrastructures, marchés publics, innovation et politique industrielle. Les provinces ont un rôle important à jouer.
Bien qu’une stratégie ne doive pas dépendre des acteurs actuels du marché, et doive plutôt encourager l’innovation perturbatrice, elle devrait être élaborée et mise en œuvre en collaboration avec le secteur privé.
Application d’une optique de productivité à la poursuite d’autres objectifs prioritaires
Une croissance plus forte de la productivité n’est pas une fin en soi, c’est un moyen d’améliorer le niveau de vie.
Lors d’une période d’incertitude et de changement structurel, une stratégie de croissance de la productivité doit être mise en œuvre parallèlement à d’autres priorités : le renforcement de la sécurité nationale et économique, la transition vers une économie à plus faibles émissions de carbone et le renforcement de nos infrastructures et services sociaux.
Premièrement, pour faire face aux menaces croissantes et changeantes qui pèsent sur sa sécurité nationale, pour respecter ses engagements envers l’OTAN et pour renforcer ses relations avec les États-Unis et ses autres alliés, le Canada doit rapidement augmenter de manière importante ses dépenses en matière de défense nationale.
Les budgets pour la défense doivent être établis en fonction des besoins stratégiques et opérationnels, mais les nouveaux investissements doivent aussi contribuer à une économie plus innovante et plus productive et permettre au Canada d’atteindre une plus grande capacité opérationnelle de la manière la plus rentable possible.
La sécurité du Canada et de ses alliés passe également par un renforcement de la résilience des chaînes d’approvisionnement. Le développement responsable des industries de l’énergie et des minéraux essentiels offre d’immenses possibilités de croissance pour notre économie, en plus de contribuer au renforcement de la sécurité économique. Ce potentiel doit être réalisé.
Deuxièmement, même si le rythme de la transition énergétique, tant là l’échelle mondiale qu’au Canada, dépendra à la fois de facteurs politiques et de facteurs liés au marché, la direction du changement est claire et nous devons nous laisser guider par la nécessité de construire un système énergétique qui nous permettra de créer une économie plus productive, plus compétitive et à plus faibles émissions de carbone.
Les gouvernements et les entreprises peuvent collaborer et partager les coûts, les risques et les bénéfices par rapport à des priorités claires : décarboniser nos processus d’approvisionnement en pétrole et en gaz, développer notre approvisionnement en électricité propre et tirer parti des avantages offerts par les technologies énergétiques propres.
Il n’est pas souhaitable de fixer un plafond absolu d’émissions pour le pétrole et le gaz, ce qui entraînerait le blocage des capacités de production, la perte d’occasions d’exportation et un déplacement des émissions vers d’autres producteurs mondiaux.
Troisièmement, les gouvernements fédéral, provinciaux et même municipaux doivent s’attaquer à nos grandes priorités sociales, notamment l’immigration, le logement, les soins de santé, l’éducation et l’apprentissage continu, d’une manière qui soit en phase avec une stratégie de croissance de la productivité.
Nous devons faire en sorte que les flux annuels nets d’immigrants correspondent à la capacité d’absorption de notre économie. Nous devons aussi veiller à ce que les immigrants économiques possèdent les qualifications et les compétences requises pour contribuer à la mise en place d’une économie plus productive. Pour ce faire, il faudra plus que de légers ajustements aux politiques en place.
Alors que les secteurs public et privé envisagent des moyens de combler le déficit de l’offre de logements, il est nécessaire de se pencher sur les faibles performances de la productivité du secteur de la construction au cours des 15 dernières années. Un processus d’octroi de permis plus rapide pourrait contribuer à un déploiement plus efficace des ressources. Il est également possible d’accélérer l’innovation, notamment grâce aux matériaux alternatifs et à la construction modulaire.
La clé : établir des priorités claires et renforcer la cohérence des politiques
S’il existe des tensions entre les impératifs politiques, il y a aussi la possibilité de les aligner pour faire avancer l’intérêt national et créer une économie plus résiliente et plus productive, qui assure des revenus croissants aux Canadiens.
Il est essentiel de préserver les relations entre le Canada et les États-Unis, et cela pourra être fait tout en mettant de l’avant nos priorités nationales, dont le renforcement de la sécurité aux frontières et l’augmentation de nos capacités militaires, face à un monde incertain.
Une stratégie de croissance de la productivité peut simultanément contribuer à mobiliser les investissements publics et privés.
Cela nécessitera l’établissement d’un programme soutenu et ciblé doté de priorités claires, d’une cohérence politique et d’une exécution sans faille sur une période non pas de plusieurs mois mais de plusieurs années, grâce à une mobilisation partagée des secteurs public et privé.
De la même façon, les entreprises doivent faire face aux risques et aux incertitudes à court terme et élaborer des plans d’urgence, tout en développant et en mettant en œuvre des stratégies d’investissement pour préserver et développer leurs marchés. Pour l’avenir, notre capacité à nous adapter à un monde incertain et à tirer parti de nouvelles opportunités sera notre principal atout.
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