Le 1er avril 2024, le nouveau Système de tarification fondé sur le rendement (STFR) entrera en vigueur en vertu de la Loi d’exécution des mesures budgétaires de 2023 (budget de 2023). Le STFR est un nouveau système de tarification des émissions de la Colombie-Britannique (C.-B.) (bien qu’il ne soit pas nouveau dans le reste du Canada). À compter du 1er avril 2024, la plupart des exploitants industriels de la Colombie-Britannique passeront du Programme d’encouragement industriel (PCII) de CleanBC au STFR.
La Colombie-Britannique avait annoncé les changements proposés dans le cadre du budget de 2023 et modifié la Loi de la taxe sur le carbone et la Loi sur les rapports et le contrôle des industries de gaz à effet de serre pour permettre le passage à la façon dont la province établira le prix des émissions de gaz à effet de serre pour les activités industrielles.
En 2008, la Colombie-Britannique est devenue la première administration canadienne à mettre en œuvre une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre. La taxe a d’abord été fixée à 10 $/t d’économie de CO2e et a augmenté de 5 $ par année jusqu’à ce qu’elle atteigne 30 $/tCO2e en 2012. À l’origine, la taxe était théoriquement conçue pour être sans incidence sur les revenus (c.-à-d. que l’imposition de la taxe sur le carbone a été compensée par une réduction de l’impôt sur le capital des sociétés). Au fil du temps, cela a été récupéré et finalement abandonné en tant que principe et dans la pratique, tout à fait.
En 2019, la Colombie-Britannique a lancé le PCII, un programme dans le cadre de laquelle les grands émetteurs industriels pouvaient présenter une demande de réduction de leur taxe sur le carbone s’ils pouvaient démontrer que leurs activités étaient parmi les plus faibles émissions de leur secteur. L’intention du gouvernement en adoptant le PCII était en partie de s’assurer que les opérateurs industriels puissent demeurer concurrentiels entre les autres administrations canadiennes qui avaient des restrictions d’émissions moins strictes, ainsi qu’entre les administrations qui utilisent des systèmes d’échange de droits d’émission (p. ex. l’Union européenne, la Californie, etc.).
Avec l’introduction du STFR, le PCII sera remplacé. Au lieu de cela, et à l’instar des systèmes d’échange de droits d’émission dans d’autres juridictions, une partie des émissions provenant des secteurs à forte intensité énergétique et exposés au commerce doit être exonérée de taxation. Les éléments du PCII demeureront en place au cours de l’année de transition 2024. Dans l’ensemble, le passage d’une taxe sur les émissions pure à un système basé sur le rendement vise à soutenir l’objectif de la Colombie-Britannique de réduire les émissions de 40% d’ici 2030 tout en reconnaissant que la plupart des industries exposées à l’énergie et au commerce de la Colombie-Britannique sont en concurrence dans des secteurs sans prix sur les émissions ou qui participent à des systèmes d’échange de droits d’émission. Le STFR est obligatoire pour tous les grands émetteurs industriels qui émettent des émissions supérieures ou égales à 10 000 tCO2e par année. La conception comprend des limites d’émissions propres à l’installation, des repères de rendement au fil du temps, des seuils de resserrement et des limites sur l’utilisation des crédits.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique affirme que cette transition d’une taxe pure à une forme basée sur le rendement répondra aux normes établies par le système national de tarification des émissions. Notre blog fournit des informations supplémentaires sur le système national de tarification des émissions en vertu de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre qui a créé un système de tarification basé sur le rendement et établi un prix national sur les émissions de gaz à effet de serre (filet de sécurité fédéral). Le filet de sécurité fédéral s’applique aux provinces qui ne mettent pas en œuvre des systèmes de tarification des émissions au moins aussi rigoureux que ceux prescrits par le gouvernement fédéral. Le filet de sécurité fédéral est fixé à 80 $/tCO2e à compter de 2024 et augmentera chaque année par tranches de 15 $ jusqu’à ce qu’il atteigne 170 $/tCO2e en 2030.
Le STFR vise à réduire les émissions industrielles à l’aide d’un système axé sur le rendement. Il fournit une cible annuelle de limite d’émissions propre à l’installation pour les grands émetteurs qui devient plus stricte au fil du temps. Les grands émetteurs qui sont en mesure de réduire leurs émissions en deçà d’une limite annuelle propre à une installation pourront obtenir des crédits qui peuvent être vendus ou économisés pour une utilisation future. Les grands émetteurs qui dépassent les limites propres à leur installation doivent soit acheter des crédits, soit effectuer un paiement direct au prix en vigueur par tonne (p. ex. 80 $/t éCO2 au 1er avril 2024, passant à 170 $/t éCO2 en 2030) sur les émissions « excédentaires ».
Le STFR s’appliquera aux grands émetteurs de la Colombie-Britannique qui produisent certains produits industriels réglementés en vertu de la Loi sur la déclaration et le contrôle des produits industriels en matière de gaz à effet de serre (LSSIG) et qui émettent plus ou 10 000 tCO2e par année, ou qui optent pour le STFR. Cela touchera plusieurs industries, y compris l’industrie minière et l’industrie pétrolière et gazière.
Les émissions de chaque exploitation industrielle sont évaluées en fonction d’une limite d’émissions annuelle propre à l’exploitation. La première période de conformité annuelle commence le 1er janvier 2024 et se termine le 31 décembre 2024. La limite d’émission est calculée comme suit :
Limite d’émission par produit = Facteur annuel de réduction de la production × × intensité moyenne pondérée des émissions de production
Les objectifs de rendement des installations seront resserrés d’un pour cent par année, sauf pour les émissions de procédés industriels qui ont un taux de resserrement de zéro pour cent, ce qui exempte effectivement les émissions de procédés, mais laisse ouverte la possibilité d’un taux de resserrement supérieur à zéro pour cent à un moment donné dans l’avenir. Les émissions de procédés industriels sont définies comme des émissions provenant d’un procédé industriel qui implique des réactions chimiques ou physiques autres que la combustion. Les émissions des procédés industriels sont nécessaires pour créer certains produits, mais sont difficiles à décarboniser ou à réduire, comme les émissions du ciment, des alumineries et du traitement chimique.
Les facteurs de réduction (c.-à-d. le montant exonéré d’impôt) ont changé par rapport à la proposition initiale pour le STFR, qui était ouverte aux commentaires du public jusqu’au 6 septembre 2023 (proposition initiale). En vertu de la proposition initiale, les facteurs de réduction étaient de 50 pour cent pour la plupart des produits, de 90 pour cent pour les produits de ciment, de transformation chimique et de chaux et de 95 pour cent pour les produits en aluminium, le taux de resserrement étant fixé à deux pour cent par an pour tous les produits. L’extraction du cuivre et la fusion plomb-zinc n’avaient pas au départ de facteurs de réduction distincts. Ces changements ont été apportés pour offrir une plus grande protection à certaines industries qui avaient peu de place pour une décarbonisation supplémentaire afin qu’elles ne soient pas touchées de manière disproportionnée par les limites d’émissions.
La limite annuelle pour une exploitation industrielle est la somme des limites d’émissions pour chaque produit réglementé. Ces limites d’émissions sont représentatives de l’intensité moyenne des émissions des produits réglementés. La plupart des produits réglementés en vertu du PCII demeurent réglementés en vertu du STFR, à quelques exceptions près. Par exemple, pour l’industrie minière, l’équivalent en argent dans l’extraction était un produit réglementé en vertu du PCII, mais ne l’est pas en vertu du STFR. Pendant ce temps, pour l’industrie pétrolière et gazière, le diesel renouvelable et le gaz naturel liquéfié n’étaient pas des produits réglementés en vertu du PCII et le sont maintenant en vertu du STFR. Certains types de carburant, comme le gaz naturel renouvelable, sont exclus du STFR. Cette situation est sujette à changement, car le ministère de l’Environnement et de la Stratégie sur les changements climatiques étudie d’autres produits à envisager en matière d’inclusion.
Les exploitations industrielles qui émettent moins que les limites d’émissions annuelles prescrites peuvent obtenir des crédits. Ceux-ci peuvent être vendus à d’autres opérations ou sauvegardés pour répondre aux obligations de conformité au cours des trois prochaines années. Les crédits ne peuvent être utilisés que pour une partie des obligations de conformité. Les exploitations industrielles qui dépassent les limites annuelles d’émissions doivent payer pour chaque tonne d’é CO2 au-dessus de la limite d’émissions au prix en vigueur. Cela peut être payé par :
Le nombre d’unités de conformité (crédits gagnés et unités de compensation) qui peuvent être utilisées pour les obligations de conformité d’une entreprise est limité, avec un maximum de 50 pour cent d’utilisation autorisé en 2024, 40 pour cent en 2025 et 30 pour cent en 2026 à 2030. Les unités de compensation expirent après trois ans pour être utilisées dans le cadre du STFR.
Les exploitants industriels assujettis au STFR pourront présenter une demande au CleanBC Industry Fund visant à soutenir la transition des grands émetteurs vers des solutions d’énergie plus propre. Depuis 2019, le fonds a investi 215 millions de dollars et sera ouvert aux nouvelles demandes de projet au printemps 2024.
À compter du 1er avril 2024, les exploitations industrielles réglementées en vertu du STFR pourront demander une exemption du paiement de la taxe sur les émissions sur le carburant et les combustibles utilisés dans les installations.
Les exploitants peuvent demander cette exemption de taxe en s’inscrivant au STFR de la Colombie-Britannique à l’aide de leur BCeID et en demandant une identification d’opération réglementée (BORO ID) du STFR de la Colombie-Britannique via le site Web du Système de déclaration des émissions industrielles de la Colombie-Britannique (BCEIRS). L’ID BORO est utilisé pour remplir un certificat d’exemption de taxe sur le carbone. Si un opérateur n’a pas de BCeID, il peut en demander un sur le site Web du gouvernement BC Government.
Si l’exploitant industriel émet moins de 10 000 tCO2e par année, mais choisit d’adhérer au STFR, il devra remplir et soumettre l’un des deux formulaires suivants, selon le type d’exploitation :
La date limite pour présenter une demande d’option d’inscription pour l’année de déclaration 2025 est le 1er août 2024.
La proposition initiale a suscité d’importantes préoccupations, notamment le fait que le STFR, tel qu’il est structuré, ne tenait pas suffisamment compte des défis auxquels font face certains grands émetteurs en ce qui concerne les options d’électrification limitées et le peu d’efficacité énergétique ou d’autres possibilités de changement de carburant. De plus, des préoccupations ont été exprimées quant à savoir si le STFR, lorsqu’il est appliqué aux industries de la Colombie-Britannique exposées au commerce à forte intensité d’émissions, réduirait la compétitivité des industries de la Colombie-Britannique par rapport à des industries similaires au Canada et à l’échelle internationale qui sont assujetties à des lois moins strictes sur la tarification du carbone et les émissions. Les changements apportés au STFR semblent répondre à certaines de ces préoccupations, tout en gardant à l’esprit les objectifs de la Colombie-Britannique d’atteindre le zéro émission nette d’ici 2050.
Bennett Jones possède une vaste expérience de la prestation de conseils aux entités sur les stratégies de conformité réglementaire, y compris la conformité aux systèmes de crédit de carbone. Si vous avez des questions concernant le STFR, veuillez communiquer avec un membre de notre groupe de pratique